Choisir sa formation de Shiatsu
Noyés
dans la masse d'informations disponibles sur internet, un nombre
croissant de personnes me contacte afin d'être conseillé sur le
choix d'une formation en Shiatsu, ou dans d'autres disciplines.
À
défaut de donner des adresses et des noms, voici quelques questions
qui vous aiguillerons. L'avantage des questions c'est qu'elles
permettent de retrouver son chemin lorsqu'on l'a perdu ou lorsqu'on
veut en changer. Savoir comment s'orienter vaut mieux que de savoir
quel chemin suivre.
S'écouter
Les
messages que je reçois commencent souvent ainsi : « je
ressens depuis quelques temps le besoin de soigner », ou « j'ai
envie d'apprendre une technique de soin », ou encore « on
me dit que j'ai un bon toucher ». Et continuent par :
« Penses-tu que cela m’apporterais quelque chose de débuter
une formation ? ».
Avant
d'entreprendre quelque chose on a souvent besoin de la confirmation
d'une instance externe. Notre éducation a tendance à davantage
valoriser l'obéissance à une attente extérieure, plutôt que
l'écoute des envies intérieures. Choisir de débuter une formation
(ou une activité) simplement parce que ça nous plaît est
une
belle occasion de modifier ce schéma.
C'est
certain que le Shiatsu peut apporter beaucoup dans la construction de
l'individu ! Mais mon avis ne compte pas. Vous avez envie de
faire quelque chose ? Faites-le !
Se
jeter à l'eau
Bien
sûr, au départ on souhaite se faire une idée du monde dans lequel
on s'apprête à entrer. On peut avoir peur de choisir une
« mauvaise » école (si tant est que cela existe), ou une
formation inadaptée, ou un mauvais professeur... Mais on ne peut pas
faire l'économie de l'erreur. Si l'on n'essaie pas on ne saura
jamais si cela nous déplaît...
Même
si le professeur nous a été recommandé cela ne présage de rien.
Il faut accepter de se jeter à l'eau.
Quels
objectifs ?
Cela
étant dit, certains points peuvent être soulignés.
Il
convient, par exemple, de se poser la question suivante : quels sont
les objectifs visés à travers l'étude du Shiatsu ? Cela
semble évident a priori, mais, happé par l'attrait de la
nouveauté, on oublie souvent de faire ce premier pas.
L'objectif
est-il professionnel ? Dans ce cas, il peut être judicieux de
suivre une formation « reconnue », délivrant un
certificat. Mais cela n'est pas non plus indispensable. En France, le
Shiatsu n'est pas une discipline réglementée, la sécurité sociale
ne rembourse rien, même si certaines mutuelles proposent une prise
en charge des soins. On peut cependant noter l'action du Syndicat
Professionnel de Shiatsu qui a obtenu la reconnaissance du titre
professionnel « Spécialiste en Shiatsu » et son
inscription au RNCP.
Le
paysage des formations de Shiatsu est à l'image de ce que l'on
trouve dans beaucoup de domaines : quelques grands organismes
(FFST, IFS, Iokaï...) et des écoles indépendantes. Si les grandes
structures ont l'avantage d'avoir une certaine visibilité, elles ne
sont pas pour autant gage de qualité. C'est comme partout : la
qualité est une affaire de personne et non de titre.
Si
l'objectif n'est pas professionnel, le choix se portera davantage sur
des critères « pragmatiques » : proximité
géographique, coût, affinité avec le professeur, etc.
Qualité
de l'enseignant
![]() |
Tokujiro Namikoshi : un célèbre professeur de Shiatsu |
Se
fier uniquement aux informations tangibles (nombre d'années d'expérience, diplômes, étude avec tel maître), c'est
potentiellement se couper d'autres sources d'information. Notamment
son intuition. Ce serait dommage de se priver de ce canal, d'autant
plus que l'intuition est une qualité nécessaire à la pratique du
Shiatsu.
Quels
conceptions ?
![]() |
Shizuto Masunaga : un autre célèbre professeur |
Il
serait dommage de passer à côté d'une formation ou d'un professeur
de qualité, parce que ces derniers ne rentrent pas dans le cadre que
nous nous sommes forgé.
Ainsi,
il existe différents types de Shiatsu : du plus doux au plus
fort, du plus « énergétique » au plus mécanique, du
plus traditionnel au plus moderne.
Il
faudrait réussir à identifier l'image que l'on a de la discipline
et réussir à s'en détacher si nécessaire.
Cela
permettra de s'orienter vers le style qui nous correspond le mieux,
ou bien de rester ouvert à d'autres pratiques même si elles ne
rentrent pas dans le cadre de ce que l'on pense être « le
véritable shiatsu ».
Massage
bien-être ou thérapeutique ? À
même la peau ou au travers les vêtements ? Diagnostiquer ou
appliquer une formule ? Apprendre des concepts ou principalement
pratiquer ? Employer l'intellect ou la sensibilité et
l'intuition ? Étudier une méthode interventionniste ou un
système davantage axé sur l'idée que "c'est le corps du
patient qui fait le travail" (les deux sont valables mais
correspondent à des situations différentes) ? Accompagner le
patient sur le chemin ou le rendre autonome le plus rapidement
possible ? Parler ou se taire ? Étudier une méthode
orientale ou occidentale ? Traiter les autres ou apprendre
quelque chose pour soi ?
Les
réponses à ces questions ne s'excluent pas nécessairement. Il est
tout à fait possible de changer d'avis en cours de route tout en
conservant le même outil. Toutefois, réfléchir à ces éléments
peuvent aider à faire un premier choix, parfois en optant pour une
autre discipline.
Il
s'agit de trouver « sa » porte d'entrée.
Ne
pas s'arrêter
L'état
de recherche produit une légère tension. Généralement, celle-ci
s'apaise une fois que l'on a trouvé l'objet de notre exploration.
Alors que c'est justement à ce moment-là qu'il faut redoubler
d'efforts pour continuer à chercher. La formation que l'on suit
constitue simplement un outil supplémentaire dans notre recherche.
Il ne doit pas y avoir rupture de continuité.
Une
fois la formation débutée, il ne faut pas s'arrêter. Il faut
continuer à chercher. Par exemple, la lecture peut constituer un
excellent choix. Certes un livre ne remplace pas un professeur, mais
une bon livre vaut parfois mieux qu'un cours fleuve et théorique. Il
ne faut pas négliger tout ce que l'on peut apprendre par soi-même.
La formation n'est qu'une étape d'un chemin bien plus long.
Construire
le thérapeute
Une
formation en Shiatsu dure entre 3 et 4 ans, parfois plus, avant
l'obtention d'un certificat. Il faut garder à
l'esprit que le certificat n'est que le ticket d'entrée... Après il
faut continuer à se former et à chercher...
Par
exemple en allant « voir ailleurs ». Il
ne faut pas s'enfermer dans une discipline. Bien sûr, pour être
« bon » il faut investir à fond un domaine, mais il faut
également être capable d'aller voir ce qui se fait par ailleurs.
Cela est d'autant plus vrai dans le domaine thérapeutique où les
techniques se recoupent aisément (pour peu qu'elles aient la même
ligne fondatrice). À
l'heure d'internet et de la communication il est possible de se
nourrir à plusieurs sources. Tant mieux !
![]() |
Wataru Ohashi :
célèbre enseignant également
|
Faut-il
avoir un don ?
En
ce qui concerne les arts de soins, c'est comme beaucoup de choses :
certains sont naturellement doués, d'autres moins. Cela étant dit
tout le monde a un potentiel qu'il peut développer. Je pense
également que la pratique du Budo apporte des éléments
transférables. Mais attention, cela ne signifie pas que toutes les
pratiques soient compatibles entre elles.
Les
liens avec les arts martiaux
On
parle souvent des liens entre les arts martiaux et les arts de soin
comme d'une évidence. Certes ils se situent tous deux aux extrémités
du spectre : prolonger la vie ou l'écourter. Il ne faut pas
oublier que les finalités sont différentes et si des liens existent
il faut préciser lesquels.
Pour
ma part, c'est l'utilisation du corps ainsi que la capacité à
moduler et placer son intention qui font sens en tant que lien.
Il
faut bien rester conscient que tous les styles d'arts martiaux ne se
marient pas nécessairement avec tous les types de Shiatsu.
À
nous de choisir les pratiques qui font sens pour nous...